Deuxième jour de grève des transporteurs, ce mercredi en Haïti, pour dénoncer l’augmentation des prix des produits pétroliers, de plus en plus rares depuis plusieurs mois dans les stations d’essence. Les gangs contrôlent toujours le terminal de Varreux où sont « stockés 70% des produits pétroliers d’Haïti », rappelle Le Nouvelliste. Ce terminal pétrolier entame ce mercredi sa seizième journée de fermeture. Ces pénuries de carburant provoquent la raréfaction des bouteilles d’eau dans les magasins : Le National raconte que les habitants du quartier de Fort National à Port-au-Prince « sont obligés de marcher pendant plusieurs heures pour aller chercher de l’eau ». Aux Gonaïves, notre correspondant Ronel Paul nous informe qu’un prisonnier est mort de soif à la prison civile mardi.
Ce manque de carburant entraîne aussi d’énormes problèmes dans les hôpitaux ; plusieurs ont fermé, d’autres ont restreint leurs services. « Le gallon de diesel au marché noir a explosé », le prix de la « course de moto s’est également envolé », observe Le Nouvelliste. Le tout à quelques jours de la rentrée des classes prévue ce 3 octobre par le ministère de l’Éducation nationale, qui « gère une crise après l’enlèvement de membres de son personnel ».
Vague d’indignation après les propos du ministre
Pourtant, le chef de la diplomatie haïtienne, Jean Victor Généus, déclare que « tout est globalement sous contrôle ». C’était mardi devant le Conseil de sécurité de l’ONU. Ces propos ont « provoqué une vague d’indignation et de colère contre ce gouvernement qui vit dans une bulle », juge Le Nouvelliste. Cinq associations patronales ont écrit au Premier ministre Ariel Henry. Dans cette lettre, publiée en intégralité par Alterpresse, elles se disent « sidérées » par « ces propos irresponsables » qui « ne reflètent en aucun cas la réalité ». Pour elles, le ministre a forcément été « mal informé ».
« Nous ne pouvons parler aujourd’hui d’une “situation sous contrôle” », écrivent ces associations, « lorsque les activités demeurent paralysées, lorsque le pays est en grève, lorsqu’il est impossible de s’approvisionner en carburant (…), lorsque plusieurs hôpitaux ferment leurs portes, lorsque kidnappings et viols sont des faits courants, lorsque l’accès aux départements du Grand Sud et du Grand Nord est impossible, lorsque des milliers d’Haïtiens demeurent déplacés de leurs résidences par les gangs armés, lorsque les Haïtiens survivent dans la peur ». « Les Haïtiens vivent un état de siège médiéval », commente l’éditorialiste du Nouvelliste. Le Premier ministre « doit expliquer ce qu’il fait encore à la tête de l’État, si tout est globalement sous contrôle alors que rien ne va pour les Haïtiens et les Haïtiennes ».
Cet article a été publié par la rédaction de RFI