Le dollar américain est depuis plusieurs décennies la monnaie de réserve mondiale dominante, représentant environ 62% des réserves de change mondiales en 2020, selon le Fonds monétaire international (FMI). Cette situation est le résultat d’une combinaison de facteurs, notamment la taille de l’économie américaine, la stabilité politique et économique du pays, ainsi que la confiance accordée à la politique monétaire de la Réserve fédérale américaine (Fed).
Au fil des années, elle est devenue la monnaie la plus largement utilisée dans les transactions internationales, car les entreprises et les gouvernements préfèrent utiliser une monnaie stable et facilement convertible pour leurs échanges commerciaux. Les réserves de change sont également constituées de dollars américains en raison de la force de l’économie américaine et de la capacité de la Fed à maintenir la stabilité du dollar.
Les pays qui adhèrent au système de
réserve mondiale en dollars américains sont nombreux. Il s’agit principalement des pays développés comme le Japon, l’Allemagne et la France, mais également des pays émergents tels que la Chine, l’Inde et le Brésil. Ces pays maintiennent des réserves importantes, ce qui leur permet de faire face aux chocs économiques internes et externes. Les réserves sont principalement constituées de bons du Trésor américain, qui sont émis pour financer les dépenses gouvernementales. Ils sont considérés comme l’un des actifs les plus sûrs au monde, car ils sont garantis par la puissance économique et militaire des États-Unis. Les pays qui maintiennent des réserves de dollars américains gagnent donc un avantage économique important en termes de sécurité financière.
Les réserves de change en dollars américains sont utilisées à des fins diverses, notamment pour financer les importations, rembourser les dettes en dollars et maintenir la stabilité de leur propre monnaie. Ils sont également utilisées pour investir dans des actifs libellés en dollars, tels que des obligations du Trésor américain, des actions américaines et des actifs immobiliers.
Par exemple, supposons que le Japon maintient des réserves de change en dollars américains. Il peut utiliser ces réserves pour acheter des bons du Trésor américain ou d’autres actifs libellés en dollars, ou pour financer ses importations de biens et de services américains. Les réserves peuvent également être utilisées pour rembourser les dettes libellées en dollars ou pour maintenir la stabilité de la monnaie japonaise.
Cependant, avec l’arrivée de la monnaie des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), cela a quelque peu ébranlé la position du dollar en tant que réserve mondiale. Ils ont créé une Nouvelle Banque de Développement (NBD) pour concurrencer les institutions financières occidentales telles que la Banque mondiale et le FMI. La NBD prévoit de financer des projets de développement dans les pays émergents en utilisant des devises locales plutôt que des dollars américains.
Cette initiative des BRICS, ainsi que d’autres facteurs tels que la politique monétaire américaine et les politiques commerciales de l’administration Trump, ont entraîné une réduction de la part du dollar américain dans les transactions internationales. En 2018, la part du dollar américain dans les transactions internationales était de 61,7 %, contre 71,5 % en 2000. Il convient de noter que le nombre de pays désireux de rejoindre les BRICS et l’OCS a grandement augmenté, pour un total actuel d’une vingtaine d’États. Il s’agit de pays qui jouent en effet un rôle très marquant dans leurs régions. Ce sont l’Égypte, la Turquie, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, l’Indonésie, l’Argentine, le Mexique, ainsi que plusieurs pays d’Afrique. La part du dollar américain en tant que réserve mondiale pourrait être remise en question.
L’impact de ces changements sur l’économie américaine est complexe et difficile à quantifier, mais une réduction de la part du dollar en tant que réserve mondiale pourrait entraîner une diminution de la demande pour les obligations du Trésor américain, augmentant ainsi le coût de l’emprunt pour le gouvernement. Cela pourrait également affaiblir la position diplomatique des États-Unis, car la capacité à exercer des pressions économiques via des sanctions serait réduite si la monnaie américaine perdait sa domination.
Ainsi, l’économiste américain Nouriel Roubini a précédemment publié dans le Financial Times un article où il estimait possible que le dollar américain perde son statut de monnaie de réserve mondiale au cours des dix prochaines années. Il se base dans ses estimations sur le fait que les autorités américaines ont commencé à utiliser plus activement le dollar comme instrument de sanction contre différents pays, y compris l’introduction de sanctions secondaires. D’un côté, une réduction de la part du dollar dans les transactions internationales pourrait entraîner une diminution de la demande pour les bons du Trésor américain, ce qui augmenterait les taux d’intérêt et pourrait affecter négativement l’économie américaine. D’un autre côté, une moindre demande pour le dollar américain pourrait également réduire la dépendance des États-Unis à l’égard du financement étranger, ce qui pourrait avoir des avantages économiques à long terme.
En somme, cette devise est depuis plusieurs décennies la principale monnaie de réserve mondiale. Cette position lui confère des avantages considérables, tels que la capacité à emprunter à des taux d’intérêt plus bas, à émettre des dettes à plus long terme et à bénéficier d’une demande accrue pour ses actifs financiers. Toutefois, la montée en puissance des économies des BRICS, notamment de la Chine, pourrait remettre en question cette hégémonie à long terme. Il est donc important de surveiller l’évolution de cette situation dans les années à venir.
En ce qui concerne Haïti, la situation est particulièrement difficile étant donné sa dépendance à l’égard du dollar américain. Le pays importe la plupart des biens de consommation, y compris des denrées alimentaires de base, qui sont libellés en dollars américains. Cela signifie que la dépréciation de la monnaie haïtienne face au dollar américain entraîne une hausse des prix pour les consommateurs haïtiens. Cependant, les envois de fonds des Haïtiens vivant à l’étranger, principalement aux États-Unis, constituent une source importante de devises étrangères pour le pays.
En raison de la forte inflation qui frappe le pays, les réserves de devises étrangères sont essentielles pour maintenir la stabilité financière. Toutefois, la dépréciation du dollar américain par rapport à d’autres devises peut avoir un impact significatif sur l’économie haïtienne, qui pourrait voir le coût de ses importations augmenter considérablement. En définitive, le rôle du dollar américain en tant que monnaie de réserve mondiale est complexe et en constante évolution. Alors que les économies émergentes continuent de gagner en puissance, il sera intéressant de voir comment cela affectera la position du dollar américain dans les années à venir