HAITI: LA LIGNE ROUGE EST FRANCHIE…

On est en Haïti, juin 2016, je pense, j’assume, je dis que la ligne rouge est déjà franchie. A tous les niveaux.. Niveau politique, niveau social, niveau economique, niveau culturel, niveau relationnel au quotidien, niveau institutionnel, niveau familial, niveau educationnel, et éducatif, niveau des droits humains, simple niveau de vie, niveau de l’actualité, niveau médiatique, niveau de la conjoncture politique, niveau des services, niveau des performances sectorielles, niveau passé, présent et futur, niveau général etc…
La ligne rouge généralement, c’est la limite à ne pas franchir, à ne jamais franchir, c’est le danger. L’alerte. L’alerte rouge parfois. J’appelle cela le point de non- retour en matière de relations humaines, interpersonnelles, en négociations politiques. Les anglo saxons connaissent et pratiquent bien la ligne rouge qu’ils n’ont pas inventée pourtant, puisque l’expression ligne rouge relevant plutot de la Diplomatie internationale, n’a été en fait qu’une adoption chez les anglo- saxons. Chez les Francophones ou c’est la ligne jaune qui se pratique pour dire à peu près la même chose, entre-temps, personne ne peut ignorer desormais, dans les cultures francophones, ce que cela veut dire franchir la ligne rouge.
J’ai regardé récemment sur les réseaux sociaux, reprises aussi par des médias traditionnels, les dernières images du Parlement Haïtien avec cette séance du mardi 21 juin 2016, avortée et qui devra être d’ailleurs reprise mardi prochain, 28 juin 2016, tel que l’invitation a été lancée à l’Assemblée nationale. Celle-ci devant en effet statuer sur le sort de Monsieur Jocelerme Privert, Président provisoire actuel en Haïti, qui avait un accord de …120 jours en vue de diriger la Transition d’apres Michel Martelly, ex président de la Republique d’Haïti (2011 – 2016) mais qui se retrouve de nos jours visiblement …en chute libre. Tout compte fait, je me suis dit que la ligne rouge est définitivement franchie. Avec l’évolution actuelle des choses dans ce pays.
Les images que j’ai vues, c’est quoi en réalité : Une foule en délire qui lance des injures, des pierres, des bouteilles sur les vagues locaux du Parlement, La police nationale d’Haïti (PNH) on ne peut plus tiraillée entre se protéger d’abord, et protéger ensuite le peu qui restait sur ces lieux enrages. Tout le monde a fleur de peau. Tandis que par ailleurs des parlementaires lourdement armés , certains comme des cow boy du 19e siecle, y en a qui ont une arme de guerre, y en a qui ont une arme de poing, y en a qui sont furieux, y en a qui sont anxieux, d’autres montrant enfin, le profil de tout, sauf un profil de Sénateurs de la République et de Députés…
Le temps pour moi de me rendre compte que la ligne rouge est franchie, rien qu’avec ces images horribles du Parlement, j’apprends le lendemain qu’on tire sur des entreprises privées, des banques, des hôtels, comme une opération terroriste en série, planifiée, calculée. D’autres crimes, d’autres violences, d’autres forfaitures, d’autres massacres, d’autres guerres, d’autres horreurs sont certainement en cours, en préparation actuellement, sans doute, dans des laboratoires inconnus. Une sorte d’imaginaire de la violence toujours fertile, inventive et productive. La seule production nationale garantie. Vivre en Haïti durant ces 30 dernières années m’a fourni à moi, personnellement, et ceci de manière ample, la matière de mes inquiétudes. Par ailleurs, des jeunes, filles ou garcons, continuent de mourir, assassinés en plein jour, parmi eux des professionnels rares. Pour détruire le politicien Haïtien est capable de tout, tuer, brûler, piller, médire, déstabiliser, massacrer, mentir, Si son cerveau ne produit rien de positif, il invente le mal, le mauvais et la méchanceté avec un rare goût de destruction.
Le President Jocelerme Privert pour sa part, poursuit ces voyages en province, dans le cadre des fêtes patronales. Après cette tentative de boycottage, voire d’humiliation, initiée par quelques sénateurs qui voulaient engager une entreprise de sabotage, de dénonciation diplomatique auprès du Panama autour de je ne sais quel événement régional, j’imagine qu’il rêve de poursuivre à terme un processus électoral qu’il a défait et refait et qui sera émaillé de sang ou de violences. Les techniques de terreurs récentes un peu comme en 1987, en 1988, et en 1990, montrent clairement la voie qui sera suivie pour basculer la machine électorale engagée. Tandis que ce sont souvent les memes politiciens/politiciennes qui participent aux élections et qui la déstabilisent, tant de l’intérieur que de l’extérieur. Diplomatie du béton Diplomatie des salons en couple toujours harmonieux.
l’Assemblée nationale de mardi prochain 28 juin 2016, ne s’annonce ni bonne ni mauivaise. La seule chose dont on est sur, c’est que la politique haïtienne exige un sens du ridicule et du radicalisme extrême, si bien que tout le monde préfère perdre, le pays inclus, noye dans une spirale permanente de violences, d’instabilités et de sous -developpement, devenue définitivement centenaire, que de faire des concessions pour sauver la chose publique au detriment des intérêts mesquins. Avec le temps, il est prouvé que …c’est à Jocelerme Privert, le President en poste, de faire le premier pas…Et si dans son entourage , on s’amuserait encore à lui dire que tout va bien, il doit, en dehors de toutes responsabilités qu’il a ou qu’il n’a pas, dans cette crise structurelle profonde, savoir que rien ne va, monsieur le President, et que la ligne rouge est deja, bel et bien franchie.
Pradel HENRIQUEZ