Contre article : Quand la critique de Laura LOUIS sur la mode fait l’objet d’une critique

Très peu d’études et d’articles ont été réalisés sur les pratiques de mode en Haïti afin de mieux comprendre celles-ci et d’aider aussi la population dans sa compréhension. Les mannequins, en général, et ceux-là qui ont les formations requises, sont laissés à eux-mêmes ; les agences, la quasi-totalité, sont dans l’informel ; les designers jouant à la star quant à leur façon d’appréhender la pratique ; les entreprises tournent le dos aux trois premiers quant à leur plan de promotion pour leurs nouveaux produits.

Il y a de quoi se sentir indigné des perversions et abus que subissent les mannequins en Haïti.  Sont tout aussi désespérants les témoignages de certaines personnes que Laura Louis a interviewé dans son article « Colorisme, exploitations, irrespect… témoignages désolants de mannequins haïtiens » publié sur « Ayibopost ».

Gary Jean, la première personne interviewée, n’a aucune formation ni expérience dans le domaine. Au lieu de rentrer dans une école de mode pour prendre les formations adéquates pour devenir mannequin professionnel, il préfère monter une agence. Quelle agence? Que pouvions-nous attendre d’une telle agence?

Cela n’a rien de surprenant qu’il n’avait pas connu le succès avec son agence. Rien de sceptique ou de pessimiste envers l’émergence d’entreprises des jeunes, mais plutôt perplexe sur l’avenir d’un jeune qui s’engage dans un domaine très difficile dont il ignore tout. Son agence était-elle enregistrée légalement ? Ce n’est pas notifié dans ses propos, certes. Mais savait-il ce qui l’attendait comme responsabilité ?

Les recherches témoignent que pour monter une agence de mode, cela demande beaucoup de ressources financières pour pouvoir se procurer des professionnels qualifiés pour la formation, les séances de coaching personnalisées pour les mannequins. Comment ne pas se faire avoir dans un domaine qu’on ne connaît pas ?

Le prétendu médecin et photographe a su bien profiter de leur innocence et de leur vide professionnel dans le secteur. Mais, il est à déplorer tout au plus l’entreprise de tous ceux et toutes celles qui, comme bon leur semble, veulent monter des agences de mannequins comme des boutiques dans tous les coins sans aucune formation et compétence.

Tout au long de l’article, aucun des mannequins interviewés n’a mentionné l’établissement dans lequel ils ont été formés. Ou, tout au moins, aucun d’eux n’est allé à une école de mode, ce qui laisse à croire qu’ils sont tous et toutes des routiniers de la mode, mais de loin des professionnels.

Les propos de Tatiana Beaublanc sont contestables en ce qui concerne les critères pour qu’une agence se fasse représenter à un concours. Dépendamment de la politique de l’agence, un mannequin peut avoir moins d’un mois de travail avec l’agence alors qu’il/elle est compétent/e pour la représenter. Toutes les agences ne basent pas leur politique de sélection sur l’ancienneté.

Toutefois, ce qui ne manque pas dans le propos de ces mannequins, c’est qu’après, ils/elles ont monté leurs propres agences de mannequinat. Qu’apportent-elles de nouveau, ces agences, à part la déception et l’exploitation des potentiels mannequins?

Un détail que les mannequins, routiniers à notre égard, n’ont pas mentionné dans leur propos non plus, c’est que les agences ne paient que des mannequins professionnels, ayant un porte-folio complet et un côté de popularité élevée. Si l’auteure déplore l’exploitation économique des mannequins, elle doit aussi parler de la procédure standard des agences sur le paiement des mannequins.

Écrire sur la mode demande une maîtrise des différentes facettes de celle-ci.

Impliquer des mannequins dans un article, c’est aussi impliquer, même indirectement, les agences de mannequins, les designers et les photographes de mode. Quelle est la procédure pour qu’un-e mannequin gagne de l’argent dans une agence ? Les mannequins interviewés travaillaient-ils sur un contrat? Nulle part, ils/elles n’ont fait mention de leur contrat de travail.

N’y avait-il pas des mannequins professionnels à interviewer? Ceux et celles qui ont effectivement suivi les procédures standards pour devenir mannequins? Ils/elles ne sont pas très nombreux, mais leurs propos auraient plus de force et seraient plus objectifs.

Aux lecteurs-trices :

Le lien de l’essai de Laura Louis  : https://ayibopost.com/colorisme-exploitations-irrespect-temoignages-desolants-de-mannequins-haitiens/

Du même auteur qui conteste l’essai de Laura LOUIS :

4 Octobre 2019 : http://lenational.org/post_free.php?elif=1_CONTENUE/culture&rebmun=4060

21 novembre 2019: http://lenational.org/post_free.php?elif=1_CONTENUE/culture&rebmun=4178

28 novembre : http://www.lenational.org/post_free.php?elif=1_CONTENUE/tribunes&rebmun=1236

05 Décembre : http://www.lenational.org/post_free.php?elif=1_CONTENUE/culture&rebmun=4222

12 Décembre : http://www.lenational.org/post_free.php?elif=1_CONTENUE/culture&rebmun=4270

27 Décembre 2019 : http://lenational.org/post_free.php?elif=1_CONTENUE/culture&rebmun=4279

Franck SAINT-FLEUR

Mode en Haiti
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