Société : Haïti et la République Dominicaine, une seule Île mais deux réalités socio-politiques et économiques différentes

Deux pays, la même île, géographiquement identiques et détiennent une forte proximité Historique. Tout a basculé pendant près de 45 ans. Les écrits relatent qu’en 1960 Haïti et la République dominicaine avaient un niveau de produit intérieur brut réel, similaire soit 800$ US et qu’en 2005 , on a constaté que le PIB réel en Haiti a subi une diminution de moitié ,chiffrant à environ 430$ US et qu’en République dominicaine ça a triplé, soit 2500$ US.

S’appuyant sur divers éléments de comparaison, on peut voir que la réalité actuelle est différente pour les deux pays. La République dominicaine comme partenaire privilégié des autres pays de la Caraïbe et Haiti avec un niveau d’insécurité élevé, trois années de croissance négative simultannée (2019-2021). A travers l’évolution des institutions et des décisions économiques et politiques, les divergences sont nombreuses.

Qualité institutionnelle et mode de gouvernance sont des éléments très importants qui jouent notamment un rôle prépondérant dans le processus de croissance économique. Que ce soit en Haiti et/ou en République dominicaine il y a lieu d’être sceptique sur la qualité des institutions et la gouvernance jusqu’au début du XXe siècle. 


Entre l’indépendance d’Haiti en 1804 et l’intervention militaire en 1915 , 33 chefs d’État dont la moyenne en terme de temps passé au pouvoir est de 3.4 ans. Parallèlement la République dominicaine, indépendante 40 ans après Haiti , subit aussi une intervention militaire en 1916. En terme d’observation 61 chefs d’État en République dominicaine (1844-1916) avec une durée moyenne de 1.2 ans au pouvoir.
Avant 1915, 6 chefs d’État ont été tué ou éxilé en Haiti, de l’autre côté de l’île la mort du président Caceres en 1911 a conduit à un chaos économique et politique. 

Après la période d’intervention militaire des deux cotés les résultats n’étaient pas éloignés, soit l’etablissement de l’ordre, nouvelles infrastructures, une apparition réelle de la classe moyenne en Haïti donnant beaucoup plus de choix aux citoyens autre que l’armée et l’ordre catholique.

Maintenant , nous sommes dans les années 70 et 80. Politique monétaire de conservation en Haiti , niveau de réserve élevé, des taux d’intérêt élevés et on parle d’un contexte politique de stabilisation qui conduit à une meilleure performance d’Haiti comparativement à la région.


Du coté voisin , les années 70 sont marquées par une augmentation du taux de croissance moyen par habitant à un peu plus de 5%. Cette amélioration est la résultante d’un ensemble de décisions structurelles soit au niveau de L’éducation ou du crédit accordé au secteur privé. La République dominicaine a rattrapé le niveau moyen de scolarisation dans la région. En 1979 , la réforme Bernard apparaît en Haiti ,une réelle matérialisation reste un defi jusqu’à date. 

L’éducation reste et demeure un facteur indispensable au progrès.
Il existe une matrice de coefficient technique à l’intérieur de frontière des possibilités de production. Cette matrice détermine le produit intérieur ou output qui résulte de la combinaison entre le capital et le travail. Il est très important de tenir compte de la façon dont ce mélange est effectué puisque le temps évolue, il faut en tenir compte et ajuster de manière continue le capital à travers l’innovation et le travail avec L’éducation. Donc on ne peut se passer de L’éducation si l’on veut produire de manière efficace.
À cet effet le systeme de production de la République dominicaine, n’a rien à voir avec Haiti.

Dans les années 90, on parle d’ouverture commerciale en République dominicaine favorisant ainsi les Exportations, donc la croissance a été favorisée par divers facteurs notamment le commerce.il y eut aussi des mesures d’accompagnement, avec l’ouverture commerciale ainsi que le contrôle des dépenses de l’État, stabilité politique ect …


En Haiti entre 1986 et 90, des moments difficiles ont été enregistré. Au niveau du secteur public , une baisse des recettes tandis que les dépenses devenaient de plus en plus lourdes. Le secteur public se concentre beaucoup plus sur la Banque centrale, entrainant une diminution des réserves officielles de même qu’exercer des pression sur le niveau de change à l’externe et sur les prix à l’interne.

Faute de stabilité politique, nous ne pouvons bénéficier que ce soit sur le moyen ou le long terme de cette nouvelle loi en 1996, facilitant les opérations des entreprises étrangères, réduisant les restrictions, conduisant à une augmentation des investissements directs étrangers. Sous cette période les infrastructures en République dominicaine se sont développées à un rythme plus rapide que la moyenne dans la région.

Reposant sur l’attractivité des investissements, surtout au niveau touristique, diversification de l’économie, stabilité politique ainsi que des politiques de stabilisation ce sont des facteurs qui depuis les années antérieures jusqu’à aujourd’hui expliquent cet écart entre les deux pays. 


La croissance économique en aucun cas ne peut-être assimilé au hasard, mais à un processus, un ensemble de choux, se basant sur des normes spécifiques. Ainsi au XXIe siècle Haiti a connu des coups d’État, gouvernement de transition, pays lock et tant d’autres événements. La liste est longue et continue de s’aggrandir avec ceux qui ont laissés Haiti pour rejoindre la terre voisine. Une forme de paupérisation continue en Haiti.


Miser sur l’humain est inevitable pour la croissance. Il faut aujourd’hui l’émergence d’une élite à tendance nationale, dotant d’une formation idéologique et politique car en aucun cas on ne peut aspirer au meilleur si la base sociétale n’est pas la méritocratie, la compétence et la rigueur.

Roobens Joseph 
Economiste

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