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Éditorial: Quelle branche du parlement veut réellement la tête de Céant ?

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Insatisfaits d’une séance de convocation du Conseil Supérieur de la Police Nationale (CSPN) au Sénat sur le transfert des sept mercenaires aux Etats-Unis, neuf sénateurs, après huit clos, ont décidé d’interpeller au cours de la séance le Premier ministre Jean-Henry Céant ainsi que le ministre de la Justice, Jean Roudy Aly et le ministre de l’intérieur, Reynaldo Brunet. À partir de là viennent les premiers commentaires sur l’acte d’interpellation.
Pourquoi interpeler à la fois le Premier ministre et deux de ses ministres? N’est-ce pas que si le Premier ministre tombe, tout le cabinet ministériel part avec lui? Personne n’est besoin d’être fin connaisseur de la politique haïtienne pour voir que le Premier ministre n’est pas réellement visé dans cette manÅ“uvre mais bien au contraire ces deux autres ministres. Le sénat ne veut pas la tête de deux ministres ordinaires mais deux ministres qui ont été dans le cabinet de Jack Guy Lafontant et reconduits dans celui de Céant.
La chambre des députés dont une majorité, avoue-le, est acquise au Président de la République a tenté de devancer les sénateurs car si le Premier ministre obtient une vote de confiance au Grand corps, il y aura une période de repos de 6 mois au cours de laquelle aucune branche du parlement ne peut l’interpeller. Ca ne ferait certainement pas plaisir au Président de la République qui, selon les propos du Porte-parole de Jean-Henry Céant durant l’opération «Pays loked», a déjà exigé au Premier ministre de remettre sa démission. Ce n’est plus un secret, les violons ne s’accordent pas entre les deux têtes de l’exécutif. Donc, le Palais national par ses députés a joué sa carte. 70 députés ont interpellé le chef du gouvernement pour lundi 18 mars deux jours avant les sénateurs. À malin, malin et demi. Le Sénat revient à la charge et reprogramme la séance d’interpellation pour le lundi 18 mars entre minuit et 9h AM. Calcul politique, jeux stratégiques, en tout cas le Grand corps a damné le point à la chambre basse
Depuis fin janvier, il était déjà bruit que le Premier ministre serait interpellé à parti mi-mars. Il y aurait même des prétendants au poste. Pendant que le citoyen lambda ne sait absolument rien, les coups politiques se préparent. On cherche à écarter par tous les moyens ce Premier ministre qui s’accroche au procès PetroCaribe alors que des grands barons se trouvent impliqués ainsi que le Président de la République lui-même. Donc, c’est un élément gênant. Le procès PetroCaribe donne de la sueur froide. Il faut stopper le Premier ministre dans cet élan vers le procès qu’il clame vouloir sa tenue. On cherchait le moment opportun. La période des manifestations a été un moment propice de se séparer du Chef du gouvernement mais il n’a pas cédé aux pressions du Palais national. Est-ce pour lui donner un moment du repis que le Sénat l’interpelle? On se questionne mais personne n’a de réponse claire.
Entre temps, le Premier ministre se trouve actuellement au Maroc dans une visite officielle. Mais avec ou sans la présence du Premier ministre, les parlementaires sont déterminés à réaliser la séance d’interpellation. C’est déjà arrivé avec Madame Duvivier Pierre-Louis qui a été éjectée par le Sénat au cours d’une séance d’interpellation à laquelle elle n’avait pas participé. La question à se poser, est-ce que le Sénat va accorder une vote de confiance au Premier ministre en dépit qu’il ne soit pas là pour défendre ses actions gouvernementales ? Ou encore, est-ce que le Premier ministre va écourter sa visite officielle pour être Présent à la séance d’interpellation ? Une chose est sûre, les parlementaires sont déterminés à aller jusqu’au bout et on n’imagine pas que le Premier ministre sera très bien défendu en son absence et par qui d’ailleurs?
Contrairement au Sénat, la Chambre des députés n’interpelle que le Chef du gouvernement et veut aller droit au but. Et aussi contrairement au sénat qui aurait intérêt dans le maintien du Premier ministre qui veut le procès du PetroCaribe, d’ailleurs ce sont deux sénateurs qui avaient rédigé un rapport initial sur cela, la chambre des députés n’a rien à conserver sinon protéger le président dont il est proche. Chacun veut protéger ses arrières par rapport à ce qui pourrait advenir à partir de ce procès.
En tout cas, le pays a les yeux rivés sur les deux branches du parlement qui se livre une bataille dans l’interpellation du Chef du gouvernement. En Chambre séparée, sénateurs et députés ont rendez-vous tôt ce lundi 18 mars au Parlement. La bataille maintenant c’est qui va statuer en premier sur Céant? s’est demandé le journaliste Robenson Alphonse dont nous partageons son questionnement.
Israël Jeune

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