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Société: L’opposition montante ! Par Roody Stanley Penn

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Les oppositions sont multiples dans cette vaste mobilisation populaire qui depuis plusieurs jours secoue la tranquillité du Chef de l’Etat. Bien que la finalité de ces différentes oppositions peut se ressembler, mais dans la réalité, elles ne sont pas les mêmes, compte tenu de l’importance des nuances qui se dégagent entre elles.
On s’oppose à quoi ? A qui ? On s’oppose pour quoi ? Ce n’est pas parce qu’on est dans le même spectacle qu’on vient pour autant assister à la même formation musicale. Ce n’est pas parce qu’on est de même origine sociale qu’on a pour autant les mêmes aspirations, les mêmes ambitions. Les nuances sont énormes. Les différences sont grandes. Et c’est pourquoi les précisions doivent l’être autant peu importe les blessures qu’elles auront ou pourraient susciter.
Il y a l’opposition qui se dit démocratique. Elle s’oppose à Jovenel. Pas longtemps au commandes, elle a joué le jeu du système, en reproduisant les inégalités, en favorisant sa frange à elle de la bourgeoisie, laissant les maux du peuple intouchés. Cette opposition, ce qu’elle veut c’est remplacer Jovenel Moise. C’est éviter Martelly. Elle n’entend pas toucher au système mais les acteurs. Ce n’est donc pas sans raison que Edmond Paul disait : « tout le malheur d’Haïti est causé par la politique ». Parce qu’il s’agit en réalité d’une pratique ne date pas d’aujourd’hui.
Cette opposition – mis à part la naïveté de certains qui en font partie – joue aussi le jeu d’une frange de la bourgeoisie traditionnelle qui n’entend pas perdre certains avantages tirés de gouvernements antérieurs qui leur garantit le plus grand confort dans paradoxalement le pays le plus pauvre de l’hémisphère. Faisant partie de ceux qui empochent la plus grosse part du gâteau, ils ne contribuent même pas à cumuler un niveau substantiel d’emplois. Ils s’en mettent plein les poches et au diable la collectivité ! Comme par miracle, étant donné que la roue tourne, ils financent par-ci et par-là deux trois petits projets pour se faire un visage humain. Pour se montrer généreux.
Cette opposition ne s’oppose donc pas à la corruption. Elle ne s’oppose pas au chômage. Elle ne s’oppose pas à l’inefficacité de l’Etat, au clientélisme, à la contrebande… Son regret c’est de ne pas être de la partie. C’est de ne pas être au pouvoir.
Mais dans cette foule immense qui a gagné depuis des jours le macadam, il y a aussi une autre opposition. Elle se fait entendre par le son d’une musique dont les paroles empêchent le sommeil aux fossoyeurs de la République, aux ecrocs patentés : « Kot Kob PetroCaribe a ». Cette opposition n’est la propriété de personne. Elle a ses faiblesses mais s’organise. Elle n’a pas une tête, elle est plutôt pluricéphale. Elle n’a pas un leader, elle en crée. Elle n’a pas de patron, chacun donne ce qu’il a et ce qu’il peut. Ce qu’elle veut, c’est un Etat qui nous sert tous. C’est que les dirigeants nous rendent des comptes. C’est que le budget de l’Etat serve la République et non les politiciens. C’est que les entrepreneurs payent leurs taxes. C’est que les subventions publiques soient organisées pour cesser de servir et continuer à alimenter politiciens et entrepreneurs.
Cette opposition c’est « l’opposition montante ». Elle est jeune. Elle a toutes ses forces. Elle veut lutter pour réduire le train de vie de l’Etat. De ce parlement par exemple qui a vu son budget multiplié par neuf en l’espace de neuf ans. Aberration totale. Avec pour mission de contrôler, ils se mettent à l’abri de tout contrôle.
Si la génération montante se mobilise en face de Jovenel et de son administration, en face des pouvoirs publics dans son ensemble, ce n’est pas par haine ni par souci de le voir échoué, mais parce qu’elle veut aller jusqu’au bout de la bonne foi du Président, en laissant à ce dernier le choix de répondre à ses devoirs et obligations de chef d’Etat, ou de démissionner.
De cette opposition j’en fais partie et j’en suis fier. Je ne tue pas. Je ne brule pas. Et je ne finance pas non plus des activités de troubles à la paix publique. Ceux et celles qui en font partie, savent que la vraie mobilisation ne s’arrêtera pas. Elle puise sa force dans cette génération d’hommes et de femmes débordée d’énergies qui veulent rentrer dans l’histoire par la grande porte.
Roudy Stanley PENN
Politologue

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