Le vendredi 29 mars 2019, l’opposition au pouvoir en place devait occuper le macadam pour manifester contre le président Jovenel Moïse qu’il taxe d’incompétent et de tous mots. Pour une deuxième fois, cette opposition n’a pas fait recette car il y a eu des franges avec des idées qui ne se racolent pas. Leur division les conduit à l’échec purement et simplement.
Depuis le début du 21e siècle, aucune opposition politique ne s’est hissée au pouvoir en Haïti. En 2000, en raison de l’absence d’une véritable opposition qui boycottait les élections du 26 novembre, Jean-Bertrand Aristide est arrivé au pouvoir avec 92% des voix exprimés dans les urnes. On connait la suite de cette histoire, pas besoin de trop en parler.
Après le départ de l’homme de Tabarre, c’est à Boniface Alexandre, de la Cour de cassation, qu’il revenait le fauteuil présidentiel. Après, il y a eu René Préval, Michel Martelly, Jocelerme Privert et actuellement Jovenel Moise qui ont gouverné et gouverne le pays. L’opposition, de convergence démocratique en 2000 aux plus récentes, n’a jamais fait front commun derrière une candidature aux élections pour prendre le pouvoir et présenter un projet de société viable. Minée par la division après des batailles contre un pouvoir en place, elle ne connait que l’échec.
L’échec de l’opposition le 29 mars 2019 n’est pas le fruit d’un malheureux concours de circonstance mais d’un système qui n’a jamais été organisé pour réussir ensemble. Chaque opposition à un pouvoir en place n’a connu qu’une même et une seule fin tragique depuis tantôt deux décennies. C’est toujours un constat pénible de division entre certains leaders de ces oppositions politiques.
Il ne s’agit pas seulement de l’opposition mais c’est presque pareil dans toutes nos institutions étatiques. En Haïti, actuellement, il n’existe presque pas d’institution qui porte l’étampe d’une vision de travail d’équipe, de leadership collectif. C’est le sectarisme qui prévaut et comme conséquence, le pays recule toujours sans arrêt. Cela devrait interpeller tout citoyen conséquent et provoquer même un débat sociétal.
Notre division fait l’échec depuis au lendemain de l’indépendance. Nous avons trop longtemps tergiversé sur des questions d’intérêt national et surtout sans rien faire face à l’attitude de certains appareils étatiques assautés par des voyous qui font montre d’immobilisme significatif. Il faut rendre à la patrie glorieuse et honorable de nos ancêtres ses lettres de noblesse. Le dialogue entre les forces vives du pays, tant prôné mais jamais initié, est la véritable issue à ces crises politiques récurrentes. Sinon, nous passerons de fait de l’union fait la force à la division fait l’échec.
Israël JEUNE