Éditorial: Les Autostopeurs risquent gros
Pour se déplacer d’un endroit à l’autre des gens prennent l’habitude de se mettre à bord des autoroutes, des chemins et n’importe où afin de trouver un moyen de transport non payé pour arriver à destination. C’est un “Woulib” qu’on attend au lieu de dire être entrain de faire de l’autostop. En milieu rural ou urbain, plus d’un, huppés ou pauvres, ont pour une fois, au moins, fait de l’autostop. Soit pour pallier un manque, soit pour satisfaire un besoin urgent.
Cette pratique plus fréquente à la campagne qu’en ville connait actuellement une baisse considérable compte tenu de l’insécurité de toute sorte qui bat son plein ces derniers mois dans la région métropolitaine de port-au-prince et dans presque toutes les régions du pays. Est-ce pourquoi même dans l’arrière pays les gens commencent très fortement à renoncer à cette stratégie qui autrefois a été un excellent palliatif?
Sous une base de confiance entre citoyen d’une même terre, les parents à faibles moyens économiques privés presque dans l’ensemble de moyens de locomotion pour emmener leurs enfants à l’école et même des citoyens quand leurs femmes sont enceintes les confient à des voisins, des notables communautaires voire des chauffeurs de taxi pour aller à l’hôpital pourvu qu’ils soient de la localité, de la section et de la commune. Des étudiants n’ayant pas l’opportunité de s’offrir un endroit plus ou moins décent dans les villes dorment à même le sol chez un camarade ou un ami juste pour éviter le va et vient exigeant d’énormes frais de transport surtout en ces périodes de la hausse des prix pétroliers.
À défaut d’un lieu où se loger, ils se convertissent en autostopeurs en vue d’économiser leurs maigres ressources économiques qui en réalité ne les offrent pas la possibilité de photocopier certains ouvrages importants en guise de compensation à l’acquisition des versions originales ou autres. Il est vrai que l’on doit pas faire fi de l’essor grandissant de l’internet au pays mais combien sont-ils ceux qui en ont vraiment un véritable accès si ce n’est qu’un nombre de mégabytes très limités ne servant qu’a écrire des messages.
De plus, des gens travaillant dans des institutions limitrophes n’éprouvent aucun gêne quand ils se font entasser comme des sardines le plus souvent derrière un pickup pour tenter d’économiser une part de leur maigre salaire dédié au transport qui constitue un véritable casse-tête pour les gagne-petit. À tout cela s’ajoutent, des jeunes filles de toute classe sociale qui font de cette pratique leur véritable technique de vie; pour aller au market, au bal, au cinéma, à l’université, aux funérailles d’un proche, à l’église, au studio et même chez leurs petits amis. Cela dit, sans langue de bois, l’insécurité qui sévit actuellement au pays bloque toute une kyrielle de pratiques quotidiennes d’un bon nombre de gens. De l’entraide, du vivre ensemble, pour certains et une façon claire de voir les inégalités de toutes sortes qui caractérisent cette societé, pour d’autres.
En dépit de l’insécurité, de la méfiance et de la haine qui caractérisent notre societé le nombre des autostopeurs ne tendent pas vers zéro. Certes, ils ont considérablement dimunué à mon avis mais face à des situations qui exigent rapidement qu’on le fasse soit pour sauver une vie ou pour ne pas rater un sérieux rendez-vous qui ne penserait pas à le faire?
Et en conséquence, un citoyen qui aurait délibérement voulu aider un autre peut ne pas avoir la possibilité car on est tous hésitant quand il s’agit de se confier à un autre. Et, pour preuve, les étrangers et les haitiens vivant à l’étranger refusent totalement ou presque de prendre des taxis quand ils rentrent au pays. C’est à dire la méfiance nous habite en ces jours difficiles.
À présent, j’ignore si des études relatives au thème sont en cours ou ont été déjà réalisées mais en tant que citoyen ayant vécu en milieu rural qu’urbain, je tente de décrire ce que j’ai vécu et fait comme constat. Sincèrement!
Pierre Jocelyn Junior FORESTAL
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