Depuis quelques mois, le pays fait face à une situation de sécheresse. Des paysans de la vallée de l’Artibonite se sont déjà remontés contre le gouvernement qui retient les eaux du lac de Péligre afin de continuer à produire de l’électricité. Or depuis plus d’un mois, la zone métropolitaine qui dépend en grande partie de l’électricité produite par le central hydraulique de Péligre plonge dans le noir. Des habitants de Cornillon/Grand bois ont appelé au secours car ils ne trouvent pas de l’eau pour leur consommation quotidienne sans oublier les habitants du Nord-Ouest qui sont obligés d’abattre leur tête de bétails qui ne trouvent pas de l’eau et de l’herbe. Ce sont-là , quelques problèmes causés par la situation de la sécheresse en Haïti.
En 2015, le phénomène El niño nous a frappés de plein fouet et des milliers d’haïtiens étaient menacés d’insécurité alimentaire. Des organismes comme le Programme alimentaire mondiale (PAM) et le conseil national de la sécurité alimentaire (CNSA) ont parlé à cette époque de plus de 3.6 millions d’Haïtiens qui auraient été en situation d’insécurité alimentaire. Cette situation ne s’était jamais produite depuis 35 ans dans le pays. Mais malgré tout, rien n’a été fait de concret pour endiguer ce phénomène récurrent. Actuellement, le pays fait face à une sécheresse sévère.
Il est urgent de s’adapter au changement climatique car les épisodes de sécheresses et les mauvaises récoltes affectent notre économie exsangue et créent ainsi beaucoup plus de misère. Le mois dernier, la population s’est déferlée dans les rues des grandes villes du pays pour manifester contre la hausse des prix de produits de première nécessité. Si rien n’est fait dans l’immédiat, le coût de la vie deviendra plus cher et envenimera la situation encore plus.
Alors que la sécheresse est récurrente en Haïti, nous ne cherchons jamais à nous adapter aux aléas climatiques. Aujourd’hui, nous parlons des milliers d’habitants à Cornillon/grand bois qui peinent à trouver de l’eau à boire et pour autre besoin, des centaines de paysans dans la vallée de l’Artibonite qui réclament de l’eau dans les canaux d’irrigation et des habitants dans le département du Nord-Ouest qui abattent leur tête de bétails pour ne pas tout perdre, peut-être que demain nous compterons des gens qui mourront de soif. Ce serait alors terrible.
Cet évènement dramatique frappe particulièrement les couches de la population les plus vulnérables. Des planteurs de plus en plus appauvris face à la concurrence des produits étrangers sur le marché local, doivent maintenant faire face à une vague de sécheresse sans précédent. A quand une solution durable à ce phénomène ? Nous faisons comme si la sécheresse en Haïti s’est produite occasionnellement et donc ne reproduira plus jamais. L’année prochaine et à la même époque, nous en parlerons encore sans aucune solution viable. Pendant que d’autres pays cherchent à trouver des solutions durables à ce problème, nous bandinons comme des enfants. Des arbres meurent. Des milieux cultivables tendent à devenir désertiques et pourtant dans les médias, dans les sommets à l’étranger, nous continuons à parler de production nationale. Récemment, le président Jovenel Moïse a déclaré sur la tribune des Nations-Unies que le pays était prêt à faire face à des catastrophes naturelles. Un mois plus tard, un séisme nous a secoués et a fait des morts à Gros-Morne et à Port-de-Paix. Nous sommes sans défense face aux catastrophes naturelles.
La misère s’accentue par la répétition d’année en année du phénomène de sécheresse en Haïti et jusqu’à présent nous n’avons aucun plan à part quelques visites des autorités dans les milieux affectés pour apporter une parole de politique de plus. La paupérisation continue dans les milieux ruraux et on s’en bat le couille. Nous avancons tranquillement mais sûrement vers la pauvreté extrême et de la famine.
Israël JEUNE